Beau gosse à l’allemande, hélas mort depuis longtemps. (Karl Begas, « Autoportrait »)
La CECA, c’est l’amour du charbon et de l’acier, c’est aussi le mariage forcé de la France et de l’Allemagne. Le couple franco-allemand, qu’il s’agisse de Merkel et Hollande comme des pékins moyens des deux côtés du Rhin, est une chose presque contre nature. C’est bien pour ça que c’est sexy, et que votre blogueuse looseuse a tenté de résoudre l’équation plus d’une fois – en dépit de résultats souvent piteux
Oui oui, chers lecteurs, cela m’est arrivé plus d’une fois, de tomber en arrêt devant un bellâtre allemand. Ici une mèche déstructurée, là un air pâle et romantique, tout près une haute taille svelte et pleine d’allant, plus loin, un regard d’intello genre Rilke meets Goethe ; pour faire court, Berlin ne manque pas de beaux gosses (bonne nouvelle pour les immigrées récentes, hein?).
Je vous épargne les détails de la séduction entre la Gauloise et le Teuton. Ils sont croustillants, ridicules et pathétiques, mais je vous les ai déjà décrits en long et en large l’an dernier. Cette fois je souhaite m’attarder sur l’entreprise délicate que constitue tout couple franco-allemand.
1. « Vous les Francais, vous êtes accros au romantisme » vs. « Vous les Allemands, vous ne savez pas entretenir la flamme »
« T’es accro au romantisme » : voilà ce que j’ai entendu de la bouche de mon ancien bien-aimé (à mèche déstructurée) dans l’affreuse ville de Francfort*, un jour de printemps. Il paraîtrait que nous sommes des harpies en demande d’attention perpétuelle, qu’il nous faut des mots doux tout le temps, des couronnes de fleurs et des promesses de neiges éternelles. Les Allemandes seraient bien plus raisonnables. Mon œil.Tout ça parce que j’avais osé réclamer un baiser dans le métro. (Sale type).
2. « Zusammen oder getrennt? » ou le supplice de l’addition au restaurant
Et pas qu’au restaurant. Au café, au bistro, en boîte de nuit. Il suffit que le serveur se ramène avec cette question pour que j’aie des sueurs froides. En France, on s’invite à tour de rôle (et encore, quand le jeune homme n’est pas susceptible). En Allemagne, c’est chacun pour son petit compte en banque. L’épreuve de l’addition est terrible : plusieurs fois, j’y ai laissé mon cœur, voyant que le Prinz Charmant hurlait « getrennt » (« on partage ») à la vue de la moindre machine à carte. L’Allemand, lui, comprend mal le principe de l’invitation à tour de rôle, et se sent régulièrement blousé.
3. Le phénomène du front bleu
C’est un charmant lecteur (français) qui m’a suggéré ce nom qui désigne le syndrome terrible de la Française se prenant la porte dans la gueule par son amoureux. La Française en effet n’a pas toujours le réflexe de survie de l’Allemande, qui consiste à rattraper lestement, sans le moindre soupir offensant pour le mâle impoli, une porte de dix tonnes qui se rabat sur elle avec la violence d’un char prussien, après avoir été ouverte par son petit ami qui, cela va sans dire, lui est filoutement passé devant. La galanterie est rare en Allemagne. Bien souvent, elle est considérée par les Germaines elle-mêmes comme la marque d’un affreux machisme. C’est ainsi que la Française, qui, elle, se fout de l’égalité sexuelle au niveau de la porte d’entrée, se retrouve avec le front marqué d’un hématome disgracieux. (Cela dit, mon nouveau Prinz, lui, me tient la porte et s’efface devant moi, du jamais vu ! Mais il adore le fromage et le saucisson, il y a du sang de cocorico chez ce garçon).
4. L’amazone teutonne
Les histoires de lit sont plutôt étonnantes. Alors qu’en France, le mâle se croit souvent obligé de déployer sa force virile, l’Allemand, lui, aime bien se laisser chevaucher par son Amazone. Ce qui risque bien sûr de désarçonner la Française, qui n’est pas tout à fait habituée à ce qu’on lui file la télécommande et les manettes. Et ce qui peut, donc, raser notre Allemand, évidemment, qui s’attend à une créativité de dingue de la part de la demoiselle – surtout qu’on lui a bien imprimé dans le crâne depuis la nuit des temps que la femme française était le comble de la sensualité. Sylvia Kristel est peut-être morte, mais Emmanuelle, elle, est impérissable.
Bref, rien de moins simple que l’amour version CECA. Pourtant, Madame Merkel semble s’acharner. Difficile de résister au charme de nos présidents frenchies. Non, je déconne.
Dans quelques années, peut-être (et si vous êtes sages), je vous raconterai comment on élève des enfants à la franco-allemande. Ça ne doit pas être une mince affaire, ça non plus.
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