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Les vertus du Hamburg(er) véritable

La poésie industrielle de la plage de Hambourg

Depuis que je vis en Allemagne, je dois bien dire que je n’ai pas vraiment fait le tour du pays. A vrai dire, en dehors de Berlin, le reste de la Germanie m’apparaissait un peu comme la patrie de Derrick, type Mercedes couleur caca d’oie et bergers allemands postés devant des pavillons aux tuiles lustrées comme chez les Playmobils. Un petit tour à Hambourg et à Cologne m’a dessillé les yeux

Hambourg. J’y avais été deux fois et je m’y étais un peu emmerdée. C’était d’ailleurs la première fois que je pénétrais dans un sex-shop, un de ces magasins du cul triste en enfilade sur le fameux Reeperbahn. J’en étais ressortie bredouille et lasse. Hambourg, pour moi, c’était ça : du fric (riche ville portuaire), de la brique rouge, des shops à fesses déprimées.

Pour les besoins d’un tournage, j’y ai passé quatre jours récemment. Verdammt! Quelle ville sympathique! La face dans les embruns de l’été indien, montée sur le ferry qui traverse le port de Hambourg, j’étais seule, lors d’une journée libre, pour découvrir une ville majestueuse et poétique. Devant moi, comme dans un travelling à la Wong Kar Wai, des chantiers navals sans fin, jaunes, rouges et bleus, écaillés par le vent et le sel, enrubannés de mouettes.

Ignare, je ne savais pas que le ferry allait me conduire à une plage. Une plage en pleine ville, nom d’un petit bonhomme, mais c’est Barcelone! Il n’y avait qu’un chien fou sur le sable pour me tenir compagnie. Sublime silence, paix divine. Derrière moi, Övelgönne, quartier résidentiel et chic de Hambourg, disséminait ses jolies villas en escalier parmi les arbres d’une colline.

Les créations de Katharina Czemper pour Maison Suneve, Hamburg (photo Valeria Mitelman)

Le calme fut de courte durée. car bientôt je rejoignais mes amis Katharina Czemper et Matthieu Voirin-Ancey dans leur charmante échoppe, Maison Suneve. Katharina est styliste. Ses créations ont trouvé leur écrin dans cette adorable boutique en entresol de la Markstrasse, en plein quartier branché du Karoviertel.

Un dîner au restaurant Brachmanns Galeron sut me convaincre par la finesse de ses plats, de ses vins, par le charme de son atmosphère cozy et de sa serveuse gourmette. Après quelques drinks au Toast Bar, où l’on s’envoie des cacahuètes nature dans le gosier toute la soirée, et où le DJ à barbe de hipster était très doué pour faire monter la température, je me disais déjà que Hambourg n’avait pas beaucoup à envier à Berlin en matière de Nacht.

Impression confirmée au Golden Pudel Club (littéralement « club du caniche doré »), petite boîte électro, intime et crado logée au bord du fleuve, parmi les halles à poissons… et où les DJs excellent.

Comment je retrouvai le chemin de mon hôtel reste encore un mystère. Hambourg, à deux heures de Berlin seulement, reste encore à explorer ! Dans le prochain article, je vous vanterai les joies de Cologne, ville fort moche mais grave sympa.

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manon

Commentaires

DELCROIX Philippe
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Pour moi Hambourg ça a été la porte de L'Allemagne c'est par la que j'y suis rentré à l'été 1961, là que j'ai commencé à connaître et comprendre la richesse de ce pays voisin. Déjà la jeunesse hambourgeoise connaissait la nouvelle vague du cinéma Français, et Belmondo et Seberg avaient fait des émules...quelques années après j'épousais une jeune allemande, nous avons pu ainsi partager les richesses de nos pays respectifs et nos trois enfants ont un peu suivi notre exemple, j'ai aujourd’hui trois petits enfants mâtinés Français , Allemand, Ecossais et Américain. Quant à l'Allemagne je n'ai pas encore fini de la visiter et de la comprendre...

manon
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Quelle jolie histoire Philippe! Je ne savais pas que Hambourg avait été autant d'avant-garde dans les années 60.

Benjamin
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Hambourg est vraiment une vile sympa. Par contre c'est vrai que le reeperbahn, est plus touristique qu'autre chose.

Je me demande vraiment où sont les ponts de Hambourg en revanche. Je lis partout qu'il y en a plus qu'à Amsterdam et Londres, mais où sont-ils ?

manon
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J'en ai vu pas mal, des ponts, oui... Plus qu'à Amsterdam vraiment? c'est difficile à croire...

Agnès
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Il ne faut pas oublier qu'Hambourg est beaucoup plus grand qu'Amsterdam: 755 km2 de superficie pour Hambourg contre 219 pour Amsterdam!

Benjamin
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D'après plusieurs sites, il y aurait 2302 ponts à Hambourg, soit plus qu'à Amsterdam et Venise réunis. D'où ma surprise de ne pas en voir tant que ça.

Sven-Olof
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Vous vous demandez où sont les 2.000 ponts d'Hambourg? Prenez le temps pour faire un tour en canoë: du lac Alster jusqu'à la Stadtpark, à travers tous les canaux, jusqu'à Winterhude ou Poppenbüttel ! Connaissez-vous le "Dove Elbe" ?? C'est aussi part d'Hambourg...

Ophélie
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Je reviens de quelques jours d'Hamburg (boulot) et à chaque fois je suis agréablement surprise. c'est une ville verte, dynamique, moderne, internationale....avec surtout beaucoup de charme. Pour les amateurs d'art, d'architecture c'est une des villes de l'Allemagne à ne pas rater....

Cologne c'est différent, j'y vis et j'en suis contente! Bon trip :-)

manon
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Alors le prochain article t'es dédicacé Ophélie! Tu me diras si j'ai vu Cologne sous le bon angle!

Nico Vincent
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Pour moi Hambourg est ma source d'inspiration, j'y ai trouvé mes nouveaux thèmes, l'architecture, paysages urbain et les ambiances portuaire, après avoir pas mal bourlingué, je dois dire que je me trouve bien dans cette ville depuis 15 ans.
Un seule petit problème pour un artiste c'est que les hambourgeois son vraiment pas très sensibles à l'art, il y a beaucoup de fric surtout pour les grosses bagnoles mais pas pour acheter de l'art. Si non je trouve cette ville agréable à vivre les habitants n'ont pas trop la grosse tête et ils sont cool et bien respectueux d'autrui ce que l'on remarque de moins en moins en France hélas. Voila Manon tu en sais en peu plus sur ce bled, cordialement, Nico.

Vincent
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J'ai habité deux ans à Hambourg, là où j'ai commencé à flirter avec la langue allemande.
Il m'a fallu un peu plus d'un an pour commencer enfin à découvrir tous ces endroits qui me donne l'envie d'y revenir: avant tout le récent Gängeviertel (e.V) situé dans le quartier des affaires. Ce quartier dans le quartier qui héberge des artistes (peintres, musiciens, danseurs, comédiens, sculpteurs, etc.) gagne en réputation par la qualité des spectacles/soirées qu'il propose.
Puisque tu parlais du Golden Pudel Club, c'est le même réseau à quelques personnes près. Si tu y retournes, leur enseigne ronde et rouge "Komm in die Gänge" te le confirmera (mais depuis que le Pudel a cramé je ne sais pas ce que tu y trouveras!).
Ils organisent aussi des soirées dans une des zones portuaires abandonnées, entre chemins de fer, entrepôts défraichis et quelques de ces fameux ponts introuvables ;).
A la sauce Berlinoise (ou presque), tu dépenseras 5€ l'entrée pour t'éclater du Vendredi au Dimanche soir avec des Djs franchement pas mal et des coins joliment décorés.
Et cette claque qu'était le MS Stubnitz, bateau itinérant à 3 dancefloors amarré jusqu'aujourd'hui dans la Hafen city.
Pour les musiciens comme moi, j'ai passé tous mes samedis soirs jusqu'aux dimanches matins à l'aube à jamer avec des inconnus, jouant de clubs miteux à clubs embourgeoisés.
Il faudra bien plus qu'un long weekend pour dompter la bête. Ce sont justement ces découvertes ponctuelles et toujours inattendues qui émerveillent celui qui la visite.
Les lacs, parcs et canaux sont superbes également, ceux qui sont à la surface de la ville.
John Lennon a dit à propos d'Hambourg "j'ai grandi à Liverpool, je suis devenu adulte à Hambourg". En ce qui me concerne, c'est bien là où je suis devenu adulte, où j'ai appris que ce ne sont pas dans les endroits les plus dorés que l'on trouve les plus grandes lumières (cf. mégalomanes débordant d'autant d'égo que de billets de banque) mais bien dans ceux qui sont cachés et demandent du temps pour être découverts.
On dit que Hambourg est l'après-Berlin. Ceux qui ont déjà écumés toutes les rues de la capitale pourront élever leurs enfants là-bas, et par moments d'égards et de nostalgie se perdre une nouvelle fois dans la vie nocturne, comme au bon vieux temps !