Un mois sans billet sur mon blog. C’est de la flemme? Non, je suis juste « verwirrt », comme on dit en allemand : paumée ! Je ne sais plus où j’habite – au sens propre comme au figuré. Entre saucissons et Currywursts, voici les problèmes d’identité d’une malheureuse blogueuse gauloise à Berlin.
Comme je vous le disais il y a quelques temps, la vie de bohème à Berlin, c’est ce qu’on fait de mieux sous nos cieux européens. Mais, comme je le soulignais à l’époque aussi, le problème, c’est que ça ne fait pas bouillir la potion magique!
Cela fait trois mois que je me promène entre Paris, ma ville natale, et Berlin, la ville de ma « renaissance ». A Berlin, je me marre, je fais des films, j’écris, je vois des amis, je me prélasse au froid soleil de Prusse. A Paris, je travaille âprement, je remplis mon compte en banque, je rends visite à mère-grand et hop, je reprends mon petit charter pour mes cieux teutons si cléments.
Le concept n’est pas mauvais. Mais voilà que je me mets à muter. A Paris, je suis trop berlinoise, et à Berlin, trop parisienne. Cela s’exprime sous diverses formes, toutes plus inquiétantes les unes que les autres.
La première, c’est la langue. Jadis, je me prenais pour Proust. Je ne supportais presque pas qu’on dise « week-end » (« vacancelles », par Toutatis! parlons français!). Je châtiais mon français comme pas deux. Maintenant, non seulement j’ai pris des accents titi parisiens bizarres, dus sans doute à la nostalgie de la ville natale, mais de surcroît je truffe mon phrasé de mots barbares. Par exemple : « Ma Hausverwaltung m’a encore balancé un SMS pour payer le Miete, mais ma Bankverbindung ne marche pas depuis la France. » (Mon proprio m’a encore envoyé un SMS parce que je n’ai pas payé mon loyer, mais je ne peux pas activer mon compte en banque depuis la France).
La seconde, c’est l’alimentation. Autrefois, à Berlin, je me faisais des soupes de légumes bio à n’en plus finir, que j’avalais avec des tranches de jambon bien allemand, comme une vraie Berlinoise. Ou alors, je me la jouais dîner français, genre rôti-purée avec une bouteille de rouge de chez nous. Maintenant, je mange des saucisses de Munich avec de la moutarde Maille. Je mets du cochon deutsch dans mon croissant du matin. Il m’est arrivé de mettre de l’eau dans mon verre de rosé de Provence, ô, sacrilège suprême!
Troisième forme inquiétante de mutation : le style vestimentaire. En fausse moumoute de vison dans les rues de Paris, j’ai l’air d’être une Marlene Dietrich de supermarché. En imperméable Burberry, une fine cigarette au bec et un bouquin dans la poche, c’est Catherine Deneuve shootée au Riesling qui se promène au pied de la porte de Brandebourg.
A Paris, je ne fréquente plus que l’Udo Bar où l’on passe de l’électro berlinoise, et à Berlin, je me la pète en terrasse du café Fleury, un croissant-café-crème sur la table devant moi… J’ai deux numéros de téléphone (un pour la France, un pour l’Allemagne), deux comptes en banque, deux adresses, deux amours : mon pays, et Berlin.
Et après, vous vous étonnez que je ne sache plus du tout quoi écrire sur ce blog? Mais que faire, chers amis lecteurs? Je suis super verwirrt.
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