Le 16 mai 2011 à Berlin, les activistes d’ « Atomkraft wegbassen » protestaient en organisant une fête techno sur Alexanderplatz
Chapeau l’Allemagne, chapeau Frau Merkel ! Aujourd’hui, la Berlinoise française que je suis se sent terriblement fière de sa patrie d’adoption. En 2022, l’Allemagne fermera ses derniers réacteurs nucléaires. (Voir ici l’article sur le site de RFI) Une décision extraordinaire pour un pays dont l’économie repose en grande partie sur sa production industrielle. Et une victoire pour les nombreux activistes anti-nucléaire, qui ont réussi à faire passer leur message avec détermination et même un certain humour, comme le prouvent les manifestations créatives et saugrenues de jeunes Berlinois écolos…
Ils n’ont pas attendu Fukushima pour se lancer dans des campagnes anti-nucléaire étonnantes. Atomkraft wegbassen (« dégager le nucléaire par la techno », en gros) est un mouvement initié par de jeunes Berlinois amoureux de de l’électro, mais surtout conscient du pouvoir d’attraction de la fiesta pour réveiller les consciences de leurs copains endormis.
Partout où le nucléaire est en question, les DJs et les organisateurs du mouvement sont de la manif. Ils installent leurs platines sur des scènes construites aux carrefours où passent les cortèges, ou, mieux encore, bricolent avec une imagination réjouissante des sound-systems mobiles grâce à quelques panneaux solaires montés sur des fauteuils roulants ou des caddies de supermarché. Et roule ma poule! Au rythme d’une techno bien berlinoise, les manifestants réclament l’abolition du nucléaire en Allemagne, racolant au passage les jeunes branchouilles en after-party depuis vendredi soir.
Atomkraft wegbassen a pris une envergure logique après la catastrophe de Fukushima en mars 2011. Le mouvement ne se contente plus de participer aux manifestations organisées par les écolos : ils sont la manifestation. Le 16 mai, c’est sur la place la plus connue de Berlin, Alexanderplatz, qu’ils ont monté leur joyeuse scène électro, diffusant les basses enivrantes de la célèbre DJane Monica Kruse à plusieurs kilomètres à la ronde. Le tout, sous l’œil bienveillant des uniformes verts de la police.
C’est que l’anti-nucléaire semble faire l’unanimité dans l’opinion publique allemande. Depuis Fukushima, presque plus un profil Facebook sans son macaron jaune et rouge Atomkraft? Nein, danke! (Le nucléaire? Non merci!), que l’on retrouve aussi sur les voitures berlinoises, les scooters et les vélos, sur des T-shirts, des sacs en tissus et les cahiers des lycéens sous sa forme autocollante.
Fin mars 2011, juste après la catastrophe nucléaire du Japon, les habitants du Baden-Würtenberg, dans le sud de l’Allemagne, ont pour la première fois élu les Verts aux régionales. Ce Land (état régional) n’avait pourtant jusque-là jamais fait confiance qu’à la CDU (union chrétienne-démocrate) pendant plus de cinquante ans! Cette victoire des écologistes dans son fief aurait-elle fait changer Angela Merkel d’avis sur le nucléaire? C’est fort possible.
Opportuniste ou pas, Angela Merkel a pris la décision qui s’imposait. Son exemple saura-t-il convaincre ses voisins français qu’une grande puissance industrielle peut survivre sans l’énergie atomique?
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